Une motivation environnementale
Fabienne Mathieu a fondé ECOgestion-solutions en 2013 après 30 ans dans le domaine de l’urbanisme et de l’environnement dans le monde municipal. « C’est un projet que j’avais en tête depuis très longtemps déjà. Je me suis rendu compte que la fonction publique n’était pas le bon endroit pour faire avancer les projets en environnement. C’était beaucoup trop lent. »
Pourquoi avoir choisi le modèle COOP ?
L’année de ses 61 ans, l’entrepreneure a commencé à penser à la retraite, donc à la relève. « Il y a trois ans, après avoir fait des recherches sur le Web, j’ai proposé à mon associée d’envisager un modèle COOP, mais elle n’était pas intéressée pour plusieurs raisons. J’ai donc finalement racheté ses parts. »
Dans le monde de l’environnement et de l’urbanisme, il est difficile d’avoir des employés, car les villes en prennent beaucoup. Les employés qu’ils formaient allaient ensuite travailler dans les villes et les grosses firmes. C’est en partie pour retenir sa main-d’œuvre qualifiée que le modèle COOP était intéressant. En effet, un rapport récent de COOP Convert a trouvé que « le modèle coopératif répond très bien aux enjeux de la loyauté de l’effectif et de la réduction du roulement du personnel.1 »
Le même rapport mentionne que 53 % des propriétaires d’entreprise ne souhaitent pas nécessairement prendre leur retraite2. Que ça soit pour continuer à travailler à temps partiel ou à temps plein, « la conversion en coopérative pourrait être un moyen d’assurer la transmission de leur patrimoine économique, tout en continuant de travailler en tant que membre de la coopérative après avoir cédé les rênes à la relève.3»
[1, 2 et 3] Les PME canadiennes, la relève d’entreprise et la conversion en coopératives. SME Succession Report | Co-opConvert (coopconvert.ca)
La construction de l’équipe
Mme Mathieu avait deux employés à cette époque. L’une d’elles, Rose Savard-Paquet, était là depuis un moment et souhaitait prendre la relève de l’entreprise, peu importe le modèle. « Pour former une COOP de travailleurs, il fallait être minimum quatre. Nous étions deux, alors il fallait recruter. » La loi sur les coopératives précise qu’au moins trois fondateurs sont requis pour demander la constitution d’une coopérative de travail. En visant quatre personnes, Mme Mathieu s’est donné la liberté de choisir son avenir.
La troisième personne recrutée a été l’amie urbaniste de Rose, Maude Gervais. Finalement, la dernière personne à se joindre à l’équipe a été Yanni Thibeault, un étudiant engagé pour l’été. « Il nous a entendu parler du projet de coopérative et a tout de suite manifesté son intérêt d’y participer. Il attachait beaucoup de valeur à la mission, alors il a rapidement et naturellement été intégré à l’équipe. Nous étions donc quatre, puisque j’avais décidé de faire un bout de chemin avec eux. Et voilà, nous étions partis ! »
Une fois formé, le quatuor a suivi le Parcours COOP et a fait beaucoup de formations. La COOP a ensuite racheté la clientèle d’ECOgestion-solutions et donc son chiffre d’affaires.
Le partage des rôles et des responsabilités
« Ça s’est dessiné un peu tout seul. Maude a un talent fou pour le marketing et le développement des affaires, alors elle a la responsabilité de ce volet. Côté finance, Yanni souhaitait apprendre, alors je le forme tranquillement. Quant à Rose, puisqu’elle est là depuis le début, elle a le rôle de vice-présidente. Pour la transition et à cause du changement de nom, on a décidé que c’était mieux que je garde la présidence pour le moment afin de rassurer les clients. »
Pourquoi avoir changé de nom ?
Cette décision a demandé une grande réflexion. Ultimement, la décision a été prise dans un but de créer un sentiment d’appartenance et d’appropriation, mais aussi pour mieux refléter les services offerts. En effet, Mme Mathieu a arrêté de proposer certains services lors de la transition entre les deux entreprises.
« Nous avons fait un vaste sondage auprès de la clientèle existante pour connaitre nos forces et nos faiblesses afin de pouvoir par la suite créer notre plan d’affaires. Tout ce travail a pris près de six mois. Nous avons par la suite identifié 10 noms potentiels à l’interne avant de faire un autre sondage pour déterminer le nom définitif de la coopérative. »
Les défis rencontrés
Au niveau du transfert des connaissances et des responsabilités, tout le monde n’était pas au même niveau. « J’aurais voulu que ça aille plus vite dans le transfert des connaissances administratives, mais on a été trop pris par le plan d’affaires ainsi que par les demandes de prêts et de subventions. »
« Créer la COOP en tant quel tel, les règlements généraux et tout le reste, a été très simple. Mais tout ce qui touche aux finances a été beaucoup plus ardu. Trouver du financement a été difficile. Pourtant, l’entreprise était tout à fait viable. »
« Nous étions au début de la crise sanitaire, alors il y avait un climat d’incertitude. Nous avons donc commencé le processus de demande de prêt au pire moment. Même si notre mission, c’est l’avenir de la terre, ce n’est pas quelque chose qui suscite encore beaucoup d’engouement de la part de ceux qui financent. »
De l’aide disponible pour les reprises collectives
La PDG d’Écoterritoire mentionne que le CTEQ et son Programme de soutien à la reprise collective, le Réseau COOP ainsi que la Ville de Québec les ont beaucoup aidés. « On a des compétences complémentaires et on se fait confiance. La transparence et la confiance, pour un modèle coopératif, c’est primordial. »
Un conseil pour les futurs entrepreneurs collectifs
« Mon gage de succès personnel : la transparence, l’honnêteté et faire confiance aux gens qu’on a choisis. Aussi, il est préférable de choisir les bonnes personnes plutôt que le montant qu’elles peuvent apporter à l’entreprise. »
Vous avez aussi un projet de reprise collective ou vous désirez simplement en savoir plus sur cette option ? Communiquez avec Luc Malo, coordonnateur à la reprise collective au CTEQ.
1 844 200-2837 p.1052