Saviez-vous qu’au Québec, le secteur bioalimentaire emploierait un travailleur sur huit* ?
« La crise sanitaire a mis en lumière l’importance de l’approvisionnement local et de l’autonomie alimentaire. Une bonne nouvelle pour nos entreprises bioalimentaires. », affirme Mario Handfield, professeur à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), qui analyse le développement territorial bioalimentaire, l’entrepreneuriat et la relève agricole dans un contexte régional.
Quelles sont les entreprises de ce secteur ?
Ce secteur est vaste et hétérogène. Il va de la production agricole, aux pêches et à l’aquaculture, en passant par la transformation des aliments, leur distribution (commerces) et inclut même la restauration. C’est toute une chaîne interdépendante constituée de réalités d’affaires très distinctes.
Quelles sont les occasions d’affaires dans ce secteur ?
Comme dans plusieurs industries québécoises, ce secteur manque cruellement de relève, surtout pour les entreprises de moyenne et grande taille. J’ai trop souvent assisté au démantèlement d’entreprises par manque de relève, ce qui porte un coup dur à l’économie locale.
Par contre, la pandémie a propulsé un certain retour en région chez les Québécois qui délaissent les centres urbains. Plusieurs veulent opérer un changement de style de vie et s’intéressent au rachat d’entreprises locales et artisanales (petites fermes, épiceries, boulangeries, boucheries, etc.).
Depuis quelques années, la relève change de visage. Auparavant très familiale, la moitié des étudiants actuels des programmes d’agriculture ne sont pas issue de générations d’agriculteurs.
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Quelles sont les particularités du secteur ? Est-il plus risqué ?
Les entreprises sont tellement variées : usine de transformation des viandes, ferme maraîchère, boulangerie, distillerie, dépanneur, elles vont de très petite à très grande. L’arsenal de mesures et de règles (normes du bâtiment, salubrité des aliments, normes environnementales, etc.) ajoute des obstacles aux repreneurs. Le secteur maraîcher est plus accessible à ce niveau si on le compare aux productions animales, lui encadré par tout un éventail de règles notamment en matière de transformation artisanale et de vente de proximité. Ces mesures de contrôle sont souvent des barrières à l’entrée.
Observons-nous une tendance des consommateurs à valoriser les produits d’ici ?
Oui ! On assiste aussi à la renaissance des marchés publics. Les aliments et boissons faits au Québec sont de plus en plus recherchés, avec une tendance pour le « bio », qui est un idéal pour beaucoup de repreneurs. La réalité est que la certification « bio » demande un certain investissement, tant financier que technique. Il y a des stratégies pour y parvenir, pas à pas, en passant de pratiques agricoles dites « écolos » qui conduiront aux pratiques bio certifiées et à la rentabilité. En fait, la spécificité du bioalimentaire est qu’il dépend en partie des tendances de consommation qui fluctuent dans le temps. Un type de restaurant ou d’aliment est très à la mode en ce moment; le sera-t-il dans 5 ans ?
Mais plus important encore, le secteur repose sur la nature et ses aléas. Tout au long de la chaîne (production, transformation, distribution et commercialisation et consommation), il y a des quantités à produire, des imprévus à gérer, des pertes qui réduisent les profits. Nous n’avons qu’à penser à l’acériculture. Les institutions financières sont parfois plus frileuses face à l’agroalimentaire.
Quels conseils auriez-vous à donner à des repreneurs qui envisageraient ce secteur ?
Il y a encore de belles occasions d’affaires à saisir, c’est certain !
Ce secteur n’est pas celui qui sera choisi par un repreneur de type investisseur qui envisage une croissance fulgurante pour faire fructifier un investissement rapidement.
Il faut le faire par passion, pour être en cohérence avec des valeurs et un mode de vie choisi. Même si le travail est moins difficile qu’avant physiquement grâce à l’automatisation et la robotisation de certaines opérations, c’est un travail exigeant qui demande de la constance.
Il faut aussi savoir se démarquer, peu importe le produit offert. Service client hors pair, originalité, ambiance, contact humain : les consommateurs ne demandent qu’à être séduits par les commerces locaux qui bénéficient d’un tourisme en hausse.
Il faut bien étudier les marchés et aller sur le terrain, à la rencontre des écosystèmes d’affaires qui vous aideront à flairer les occasions en cohérence avec vos envies et ambitions.
Contactez le CTEQ pour nous parler de votre projet !
*Source : Gouvernement du Québec
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