Se réinventer pour sauver et maintenir la valeur de son entreprise culturelle : le cas des Productions Via le Monde

L’industrie culturelle au Québec fait partie de celles qui ont été les plus affectées par la crise sanitaire actuelle. Le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) a souhaité savoir comment les acteurs de ce secteur d’activité ont réagi et font pour survivre et surtout maintenir la valeur de leur entreprise en dépit des temps d’incertitude que nous vivons présentement.

Juin 2020

L’industrie culturelle au Québec fait partie de celles qui ont été les plus affectées par la crise sanitaire actuelle. Le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) a souhaité savoir comment les acteurs de ce secteur d’activité ont réagi et font pour survivre et surtout maintenir la valeur de leur entreprise en dépit des temps d’incertitude que nous vivons présentement.

Pour en savoir davantage sur le milieu culturel, le CTEQ est allé à la rencontre des Productions Via le monde (VLM). Fondé en 1967 par Daniel Bertolino, le Groupe VLM produit et distribue des documentaires et des émissions pour la jeunesse, destinés aux marchés canadien et international de la télévision. Catherine Viau, associée de Daniel Bertolino et vice‑présidente de VLM, nous a ouvert leur porte et nous a livré les différentes stratégies mises en place face à la crise actuelle.

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Les Productions Via le monde, sont d’abord et avant tout un catalogue et des archives très riches en contenus divers et variés, comprenant plus de 700 heures de films montés et des milliers d’heures d’archives sur une foule de sujets.  Les trois piliers sur lesquels est fondée cette entreprise sont :

  1. Un regard particulier porté sur le monde
  2. L’importance du relationnel
  3. Une vision éditoriale à long terme avec le souci de donner une dimension et une valeur patrimoniales à leurs œuvres.

Il est à noter que le milieu audiovisuel n’en est pas à sa première crise et, comme le souligne Catherine Viau, « le changement est sujet de prédilection traité de façon récurrente dans la majorité de leur production. Depuis plus d’une trentaine d’années, nos réflexions portaient autour de la gestion de crise, à savoir comment mobiliser de façons efficiente et efficace nos ressources pour créer de nouvelles choses et aussi reconnaître que les ressources humaines sont notre principal actif, notre richesse ».

Au début de la crise de la COVID-19, les producteurs ont, dans un premier temps, fait l’inventaire de leur fonds éditorial. Ils ont identifié leurs forces. En l’occurrence, un catalogue riche en contenus, qui sont autant de produits à diffuser et qui seront de plus en plus en demande. Ils ont également une expertise, un savoir-faire à partager et une solide capacité à réseauter, comme en témoigne l’implication active de Catherine Viau dans différents évènements tels que le Festival cinéma du monde de Sherbrooke. Dans un deuxième temps, ils ont identifié leurs faiblesses en reconnaissant le risque que les supports de captation traditionnels sur lesquels ils ont toujours travaillé depuis des années risquent d’être obsolètes. Des réalités qui ont soulevé autant d’enjeux que de problématiques qu’ils étaient susceptibles de rencontrer à savoir comment :

  • Mettre en valeur leurs produits ?
  • Leur donner une nouvelle vie ?
  • Les faire circuler
  • Les conserver et en assurer la pérennité ?
  • Les faire découvrir à de nouveaux types de consommateurs dont les pratiques et usages technologiques ont grandement changé dans les dernières années au profit des plateformes numériques.

Leurs plus grands défis sont alors identifiés : transformer leurs produits. Favoriser leur accessibilité et leur découverte tout en leur donnant de la valeur pour en assurer la conservation et la survie. Et dans un second temps, rejoindre et travailler avec le monde de la connaissance, un public à la recherche de narrations riches et documentées.

Les Productions Via le monde se lancent alors dans un processus de reconnaissance et de diffusion de l’information. Ils se sont demandé ce qu’il fallait faire sur le plan technologique à court et à moyen terme pour que leur projet se concrétise et que leurs produits prennent de la valeur ajoutée. La première étape a été d’entrer dans un processus d’institutionnalisation : « Institutionnaliser pour sauver ! », comme le précise Catherine Viau. Ils ont donc, d’abord mis l’emphase sur les projets collaboratifs. Notamment la mise en ligne de leur contenu sur différentes plateformes de diffusion, telles que Vimeo et leur site Web. Ensuite, ils ont créé un groupe de travail, en collaboration avec l’Université de Montréal qui est en relation avec les institutions muséales. L’idée est de faire analyser leurs œuvres par des chercheurs et des doctorants afin de leur donner une certaine valeur, et, par conséquent, contribuer à leur reconnaissance et leur légitimation culturelles.

Ils se sont également lancés dans la production de courtes capsules vidéo afin de faciliter la découverte de leur contenu en ligne et attirer du financement pour compléter la part que les programmes mis en place par les institutions et les gouvernements pour aider les entreprises qui prennent un virage numérique ne couvrent pas entièrement. Ils ont alors envisagé de solliciter des partenaires qui ont une forte attraction pour la conservation patrimoniale. Cependant ils prennent rapidement conscience que dû au fait d’être actuellement dans un marché en mutation, il n’est pas aisé de donner une valeur économique propre à une exploitation commerciale de leur produit. Une difficulté souvent associée au secteur culturel où les actifs sont intangibles. À ces difficultés, s’ajoute le fait que la situation de la COVID-19 peut créer des liens de dépendance entre les entreprises culturelles et les différents paliers de gouvernements.

Face à autant de défis, d’enjeux, de problématiques et d’incertitude, Catherine Viau affirme que toute son équipe et elle-même en sont arrivées à la conclusion « que la meilleure façon de sortir d’une crise en tant qu’entrepreneur culturel est de s’investir soi-même sans attendre de retour économique sur le travail produit ». Au moins à court et moyen terme. Elle insiste également sur « la nécessité d’entrer dans une courbe d’apprentissage continuelle et d’acquérir de nouvelles connaissances. De connaître et maîtriser toutes les tâches de la chaîne de production et les différents outils utilisés pour être capables de les utiliser soi‑même ». Face à l’adversité, elle recommande vivement l’agilité qui nécessite d’être en innovation permanente pour développer une autonomie.

Conscient de cette réalité, le CTEQ en collaboration avec la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) demeure un partenaire de premier plan pour accompagner de façon personnalisée les entreprises culturelles en matière de relève entrepreneuriale et de transfert d’entreprise.

 

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