Savez-vous à qui vendre votre entreprise pour en assurer la continuité ? Trouver un acheteur capable de poursuivre votre vision et de préserver l’héritage de votre entreprise est un défi pour beaucoup de propriétaires-dirigeants. La reprise collective est une solution qui permet de la transférer à un groupe de personnes engagées, assurant ainsi sa pérennité tout en respectant ses valeurs fondamentales.
Dans le cadre du mois de l’économie sociale, nous avons consulté trois experts de la reprise collective pour démystifier le sujet. Que vous envisagiez un départ prochain, ou que vous soyez simplement curieux des options disponibles, apprenez-en plus sur ce mode de transfert.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’une reprise collective ?
C’est un mode de transfert d’entreprise qui permet à des acteurs internes (employés ou successeurs familiaux) et/ou à des acteurs externes (fournisseurs, clients, collectivités, travailleurs autonomes) de reprendre collectivement une entreprise pour l’exploiter conformément aux règles d’une entreprise d’économie sociale (de type coopérative ou OBNL).
Note : Dans cet article, nous utiliserons le terme « entreprise classique » afin de désigner les entreprises non collectives.
Les avantages de transférer une entreprise classique en entreprise collective
Pour beaucoup d’entrepreneurs n’ayant pas de relève identifiée la reprise collective peut être une option de choix. En effet, ce type de reprise offre de nombreux avantages en comparaison avec un transfert classique.
- Partage de la charge mentale de la gestion d’une entreprise
- Partage des risques et responsabilités
- Financement adapté
- Mise de fonds moins élevée (totale et par personne)
- Accès à un écosystème dédié à la reprise collective, autant en soutien qu’en financement
- Plus facile pour les membres de partir puisqu’il n’est pas nécessaire de vendre l’entreprise collective
- Taux de survie plus élevé (2x plus que les entreprises privées selon une étude du CQCM).
À qui vendre mon entreprise ?
Voici les différentes options qui s’offrent aux propriétaires-dirigeants:
Coopérative ou OBNL : comprendre les différences
Beaucoup mélangent ces deux grandes familles. « La principale différence est que dans une coopérative (coop), le lien d’usage des membres est économique, alors que l’OBNL existe pour servir un besoin d’une communauté. », Soda Diack, coordonnatrice à la reprise collective pour la Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ)
Le lien d’usage désigne la manière dont un membre utilise la coopérative. Par exemple, dans une coopérative de producteurs, les membres fournissent leurs biens et services. Dans une coopérative de travailleurs, les membres l’utilisent pour travailler et se rémunérer. Une coopérative de solidarité peut inclure des membres ayant différents liens d’usage ainsi que des membres de soutien sans lien d’usage.
Les différents types de reprises
Pour les cédants qui ne savent pas à qui transférer, les experts conseillent de s’interroger sur les impacts d’une fermeture. Si l’entreprise ferme, quel groupe sera le plus impacté ? Si ce sont les consommateurs, par exemple pour la seule épicerie d’un village, il serait logique de commencer par le leur proposer à eux. Il faut penser au lien d’usage, à l’intérêt que les parties prenantes ont avec l’entreprise.
« De façon générale, il faut que le cédant ait la capacité de rassembler un groupe significatif de personnes qui ont envie de transcender leur rôle habituel par rapport à l’entreprise et de s’investir pour en être les administrateurs à travers un collectif. », Luc Malo, coordonnateur au repreneuriat collectif au CTEQ.
Puis, identifier les leaders et sonder leur intérêt. Selon la dynamique et la taille de l’entreprise, y aller prudemment et progressivement pour ne pas effrayer les parties prenantes.
Cédants et repreneurs : qui fait quoi ?
Selon Pierre Charette, coordonnateur en transfert d’entreprise et conseiller principal en finances au Réseau COOP, « dans la plupart des cas, l’initiative vient du cédant ». Ce dernier peut choisir de rester impliqué dans l’entreprise après son transfert en coopérative ou OBNL, ou au contraire, décider de se retirer complètement. La préparation de l’entreprise au transfert incombe principalement au cédant, tandis que les repreneurs sont généralement responsables de réunir le financement nécessaire et de mettre en place la nouvelle structure de l’entreprise.
Cependant, la transition vers une structure collective implique un changement de posture pour tous les acteurs impliqués. Il est donc essentiel d’être bien accompagné tout au long de ce processus pour en assurer le succès. Clients, fournisseurs ou employés qui deviennent entrepreneurs collectifs doivent s’adapter à leur nouveau rôle, ce qui représente un défi important. Pour le cédant, s’il demeure dans l’entreprise, cela signifie aussi accepter de partager la prise de décisions avec d’autres, ce qui peut être un ajustement considérable.
Principales différences avec un transfert non collectif
Un écosystème de soutien tissé serré
L’écosystème de la reprise collective au Québec est constitué d’acteurs qui se connaissent bien et qui partagent une mission commune : faire réussir chaque projet. Grâce à une communication fluide et à des produits financiers spécialement conçus pour soutenir ce type de reprise, les entrepreneurs peuvent compter sur un réseau solide et interconnecté, dédié à leur succès.
Des programmes de financement adaptés
Plusieurs programmes de financement spécifiques à la reprise collective peuvent grandement aider les cédants et les repreneurs dans ce type de projet.
Tout d’abord, il y a le Programme de soutien à la reprise collective (PSRC), qui est administré par le CTEQ. Ce programme vise à rendre accessibles aux cédants et aux repreneurs intéressés par la reprise collective plusieurs services professionnels. L’aide financière prend la forme d’une contribution non remboursable pouvant aller jusqu’à 11 000 $ pour les cédants et 31 500 $ pour les repreneurs.
Ensuite, Investissement Québec propose le Programme de capitalisation des entreprises de l’économie sociale (CAES) Volet 2 qui offre des prêts comportant des avantages significatifs, tels que des congés sur les versements du capital et la prise en charge partielle des intérêts.
Finalement, d’autres programmes en économie sociale proposent des congés de remboursement de capital, avec une variété de produits financiers adaptés aux besoins spécifiques des entreprises collectives. Ces initiatives sont concertées au sein de Cap Finance, dont le mandat est de garantir la complémentarité entre les différents acteurs financiers en économie sociale et solidaire. Ce réseau inclut de grands partenaires, tels que Desjardins Capital et le Réseau d’investissement social du Québec.
Par où commencer ?
Pour débuter, il est essentiel que le cédant s’informe sur les diverses options qui s’offrent à lui. Le site repreneuriatcollectif.ca est une ressource incontournable pour obtenir des informations complètes sur la reprise collective, avec une vaste documentation et des témoignages enrichissants. Ce site, régulièrement mis à jour, est la porte d’entrée idéale vers l’écosystème des organisations dédiées à la reprise collective au Québec.
LA MISSION DE NOS ORGANISATIONS
Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ)
Chef de file du repreneuriat au Québec, le CTEQ est un organisme de développement économique qui offre une solution unique combinant une équipe-conseil en transfert d’entreprise et une plateforme confidentielle de mise en relation entre acheteurs et vendeurs de PME. Service-conseil neutre et personnalisé – Occasions d’affaires – Réseau d’affaires – Formations et événements sont offerts afin de donner les meilleures chances de succès pour la réalisation d’un projet de vente ou d’achat d’entreprise.
Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ)
La Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ) propose un encadrement, un soutien et une expertise en accompagnement d’entreprises collectives (coopératives et OBNL) dans toutes les régions du Québec grâce à l’expertise d’une équipe composée de spécialistes en développement collectif.
Réseau COOP
Le Réseau COOP soutient le développement et la reconnaissance de la coopération du travail au Québec afin de favoriser une plus grande participation des travailleur.euse.s aux décisions et un meilleur partage de la richesse créée.
En tant que Fédération, le Réseau COOP est également le porte-parole des coopératives gérées par les travailleur.euse.s, et un animateur facilitant les rencontres, les échanges et le partage entre coopérateur.trices.