Bastien Industries en bref
Depuis 1972, Bastien Industries fabrique et distribue des mocassins et d’autres articles d’artisanat autochtone. Située dans la communauté de Wendake près de Québec, l’entreprise est reconnue pour l’excellence de ses articles dignes de l’héritage huron-wendat. C’est M. Roland Bastien qui a d’abord fondé l’entreprise en s’inspirant de son grand-père Maurice Sébastien, ancien Grand Chef de la nation huronne-wendat. Plus tard, sa fille Ginette Bastien a pris la relève de l’entreprise familiale.
C’est maintenant au tour de Jason Picard-Binet de reprendre ce fleuron de cette communauté autochtone. Nous nous sommes entretenus avec lui afin d’en apprendre un peu plus sur son parcours de repreneur.
Pourquoi avez-vous décidé de reprendre cette entreprise en particulier ?
« C’est une entreprise que je connais depuis que je suis jeune. Je suis né à Wendake, donc c’est un produit que je connais depuis toujours. Avec mes emplois passés, j’ai eu la chance de travailler à beaucoup d’endroits dans le monde et j’ai toujours été étonné de voir ces mocassins un peu partout. C’était une fierté pour moi en tant que membre de la nation Wendat ».
Démontrer le savoir-faire autochtone authentique et en faire la promotion est quelque chose de très important pour le nouveau propriétaire de Bastien Industries. « Plus que jamais, les Premières Nations sont en proie à l’appropriation culturelle. La meilleure façon de la contrer est d’être meilleur que ceux qui s’approprient notre culture. C’est ce qui me motive à chaque jour à me lever et à développer cette entreprise-là ».
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans votre parcours d’achat d’entreprise ?
« Le processus d’acquisition de l’entreprise a pris un an. Un an, c’est long pour quelqu’un qui a un projet d’entreprise en tête. C’est un des désavantages de financer une entreprise sur une réserve ». La lenteur et la lourdeur administrative lors de la phase de financement sont certainement le plus grand défi auquel le repreneur a dû faire face. Heureusement, il y a des organismes pour aider, comme la Commission de développement économique des Premières Nations du Québec (CDEPNQL) ainsi que la Société de crédit commercial autochtone (SCCA).
Comment se déroule le transfert de connaissances ?
« Ça se déroule très bien. C’était un de mes critères d’acquisition que l’ancienne propriétaire reste un an avec moi en transfert d’expertise. Je connaissais bien le produit, mais je ne connaissais rien à la fabrication de mocassins, donc j’avais tout à apprendre ».
Étant donné l’historique familial et l’attachement de l’ancienne propriétaire pour l’entreprise, celle-ci était heureuse de partager ses connaissances.
« Ces derniers temps, je passe beaucoup de temps sur le plancher avec les employés à tailler du cuir et à apprendre tout le processus. Je suis vraiment en période d’apprentissage de mon produit. Pour développer de nouveaux modèles et faire évoluer l’entreprise, il est très important selon moi de bien maitriser le produit ».
Comment se déroule le transfert de direction ?
« Tranquillement. J’ai 14 employés, dont 9 qui sont là depuis plus de 10 ans. Ils sont donc très proches de l’ancienne propriétaire ».
Pour cette raison, mais aussi pour avoir le temps de maitriser les processus de l’entreprise, Jason a voulu prendre son temps afin d’assurer une transition tout en douceur. Le fait que la cédante reste présente un an après la vente aide aussi à cette transition progressive.
Quels sont vos plans pour le futur de Bastien Industries ?
Jason est actuellement en réflexion pour revoir l’image de marque de l’entreprise et souhaite en améliorer la technologie. Ses précédentes expériences en marketing lui sont très utiles dans ce processus. Ultimement, le repreneur vise à rendre les mocassins plus accessibles au grand public, et non uniquement réservés aux boutiques d’artisanat. Ce sont des souliers très confortables, versatiles et de qualité pouvant très bien être portés sur une base régulière.
Plusieurs défis attendent également Jason. La pénurie de main-d’œuvre en est un qui l’inquiète. Comme la grande majorité des entreprises, acquérir et retenir de la main-d’œuvre compétente dans les prochaines années ne sera pas facile. « Surtout dans un domaine comme l’artisanat. J’ai une main-d’œuvre extrêmement qualifiée. Je suis très content de travailler avec une équipe aussi productive, qui connait son travail et qui est heureuse de me l’apprendre ».
Avec les quelques départs à la retraite prévus, le repreneur anticipe cette difficulté, mais a déjà prévu des stratégies de recrutement.
Avez-vous des conseils à offrir aux futurs repreneurs autochtones ?
Beaucoup de personnes qui souhaitent devenir entrepreneurs craignent de faire le premier pas puisqu’ils sont bien dans leur routine. « Le premier conseil que je donnerais, c’est tout simplement de foncer ».
Ensuite, Jason suggère fortement de se faire accompagner par des organismes et d’autres experts au lieu d’essayer de tout faire seul. « On ne peut pas être excellent dans tout », ajoute-t-il.
C’est pour cette raison que le CTEQ a été créé. Pour discuter de votre projet, communiquez avec nous.
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