Transfert d’entreprise : les normalisations du BAIIA

Quand ce n’est pas notre domaine d’expertise et qu’il est question du BAIIA, cela peut donner… des maux de tête. Nous avons simplifié le tout dans cet article avec l’aide de Pierre-André Bourque, CPA auditeur, CA et expert en évaluation d’entreprise chez Mallette.
baiia - ebitda

Le BAIIA (EBITDA en anglais) est un indicateur financier fort important dans le milieu de la finance et des affaires. M. Bourque l’explique ainsi :

« Il s’agit du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA) ; le flux de trésorerie (cash flow en anglais) brut des activités de l’entreprise. Il indique dans quelle mesure les activités d’une entreprise génèrent de la rentabilité sur une période donnée. On peut comparer le BAIIA d’une entreprise à l’autre d’un même secteur afin d’évaluer la performance ou bien d’en tirer des constats sur l’évolution des derniers exercices. »

C’est quoi la normalisation du BAIIA ?

« Afin de réaliser une évaluation d’entreprise, il est essentiel d’analyser sa rentabilité historique pour réussir à prévoir celle des prochaines années. En d’autres mots, on utilise les données du passé pour tenter de prévoir la rentabilité des prochains exercices.

Le BAIIA représentatif est un des principaux indicateurs qui détermine la valeur d’une entreprise. Pour qu’il soit pertinent et qu’il donne un portrait juste de la situation financière, il doit souvent être normalisé. C’est-à-dire que les données aberrantes ou exceptionnelles soient ajustées afin d’obtenir un BAIIA cohérent et pertinent. »

L’évaluateur analyse les états financiers sur combien d’années ?

« Quand on analyse les états financiers d’une entreprise, on doit déterminer le nombre d’années pertinentes à analyser. Par exemple, si l’entreprise a mis sur le marché un nouveau produit clé il y a trois ans, ce n’est peut-être pas pertinent d’analyser les cinq dernières années.

Il est donc important que l’évaluateur comprenne bien l’organisation, son évolution et son environnement. Le but est d’assurer une prévision juste, on analyse donc l’historique dans un contexte qu’on juge pertinent. »

Le travail d’évaluation est un exercice nécessitant un fort niveau de jugement et un bon esprit critique. L’évaluateur doit être capable de creuser pour obtenir le plus d’informations possible sur l’entreprise afin d’en faire une analyse complète.

LES NORMALISATIONS TYPIQUES

Les éléments discrétionnaires

Les normalisations dites discrétionnaires sont l’ajustement au BAIIA des dépenses non nécessaires au roulement de l’entreprise, c’est-à-dire des dépenses qui ne sont pas liées aux opérations. On se pose la question suivante : si j’achète l’entreprise, quelles dépenses n’auront plus lieu et lesquelles devront être ajustées ou s’ajouter ?

La révision de la rémunération des actionnaires est une normalisation très courante. Si le propriétaire actuel travaille dans l’entreprise, mais ne se paie qu’un maigre salaire, alors que le repreneur planifie embaucher un chef des opérations pour le remplacer, quel salaire devra-t-on lui donner et comment cela affecte-t-il le BAIIA ?

On doit faire l’exercice pour plusieurs autres éléments comme :

  • Le type de rémunération des actionnaires : salaires, bonis, dividendes, etc.
  • La rémunération observée sur le marché pour des postes similaires
  • Dépenses de nature personnelle ou non requise dans le cadre normal des opérations
  • Les opérations avec des parties liées (par exemple des baux)
  • Les primes d’assurance vie des actionnaires

Les éléments non récurrents ou exceptionnels

Un client n’a pas payé un gros contrat ? Un incendie a nui aux opérations de l’entreprise ? Un déménagement a occasionné des frais importants ?

Plusieurs événements peuvent venir influencer la rentabilité historique de l’entreprise. S’ils sont jugés exceptionnels ou non récurrents, les résultats analysés concernés ne sont pas nécessairement représentatifs du futur anticipé. Comme l’intention est d’arriver à un portrait réaliste d’une performance jugée « normale », l’évaluateur effectue au besoin des normalisations.

Les revenus et dépenses liés à des actifs ou des passifs excédentaires

Une transaction implique par défaut que le repreneur achète les opérations de l’entreprise. Il peut toutefois arriver que certains actifs ou passifs présents dans la Société ne soient pas liés ou nécessaires aux opérations.

Il est important de clarifier ce que l’on vend et ce que l’on achète, ainsi que les éléments inclus ou exclus de la transaction. Les revenus et dépenses relatifs aux éléments exclus de la transaction devront donc être isolés et normalisés dans les analyses étant donné qu’ils ne seront plus présents une fois la transaction réalisée.

Les éléments non monétaires

 Comme l’objectif est de déterminer le niveau historique des flux de trésoreries générés par les activités de l’entreprise, il est aussi nécessaire de normaliser certains éléments comptables qui ne viennent pas influencer le niveau de ceux-ci.

En voici quelques exemples :

  • Gain/perte sur disposition d’immobilisations corporelles ou incorporel
  • Gain/perte sur disposition de placement
  • Gain/perte sur variation de change

LES NORMALISATIONS PARTICULIÈRES

La pandémie est un bon exemple de normalisation particulière.

« C’est un événement majeur qui a affecté et qui affecte grandement les entreprises en fonction du secteur. Pour certaines, ce fut en quelque sorte bénéfique, alors que pour d’autres, ce fut très difficile. La COVID-19 bouleverse profondément les organisations, et ce à plusieurs niveaux : administratif, légal, opérationnel, humain, etc. La normalisation dans ce cas-ci n’est donc pas une mince affaire. Chaque cas est très différent et une analyse approfondie des impacts est requise. »

En somme, tout ce qui fait en sorte que l’historique ne soit plus représentatif d’un certain niveau normal des activités devrait faire l’objet de normalisation. Et chaque entreprise a ses particularités.

Comment se préparer à l’évaluation du BAIIA ?

« Avoir ses finances en ordre, des analyses d’écart budgétaire ou une comptabilité détaillée sont des éléments importants. Plus l’expert a d’informations, plus complète seront les normalisations. Et mieux le tout est organisé, plus ce sera facile d’effectuer un travail intéressant rapidement.

En tant que vendeur éventuel, on peut aussi se demander : qu’est-ce qu’un acheteur voudrait savoir et que serait-il pertinent de lui remettre en matière d’informations financières ? Il posera probablement les questions et voudra entre autres savoir si la rentabilité des opérations est en mesure de justifier le prix demandé.

L’analyse du BAIIA, ce n’est pas seulement utile quand on désire transférer son entreprise, mais aussi quand on veut évaluer sa rentabilité, son évolution historique et prévue. Cela permet de générer des constats qui peuvent potentiellement améliorer la gestion ou les décisions, et indirectement faire augmenter la valeur de son entreprise.

Une bonne préparation permet d’accélérer le processus et de mettre en confiance les professionnels ainsi que le futur acheteur.

Les normalisations du BAIIA sont un enjeu important lors d’un transfert d’entreprise !

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