L’évaluation d’entreprise, ça se passe comment et pourquoi est-ce important ?

L’évaluation de votre entreprise ou de l'entreprise que vous convoitez est-elle nécessaire ? Cela peut faire toute la différence entre une transaction réussie ou un flop !
L'importance de l'évaluation d'entreprise

L’évaluation d’entreprise est un exercice complexe : les émotions et les perceptions font partie de l’expérience humaine. Un cédant estime hautement son entreprise et éprouve de la difficulté à s’en départir; un repreneur a un coup de cœur et peine à laisser aller l’occasion d’affaires. Dans tous les cas, on ne prend jamais une décision basée uniquement sur les chiffres.

Le processus transactionnel d’un transfert d’entreprise est éprouvant et représente un risque : celui de perdre de l’argent. Évaluer l’entreprise permet de prendre la meilleure décision possible avec l’information disponible. On veut jauger le risque des conséquences imaginables.

Le CTEQ s’est entretenu avec M. Olivier Côté, CPA et Expert en évaluation d’entreprise, directeur du Service Conseils financiers au bureau de Rimouski chez MNP, un cabinet de comptabilité, de fiscalité et de services-conseils, afin de vous aider à comprendre comment les évaluateurs effectuent leur travail et pourquoi l’évaluation d’entreprise est un exercice crucial.

COMMENT ÉVALUE-T-ON UNE ENTREPRISE ?

Essentiellement, lorsque vous demandez des services d’évaluation, vous voulez connaître la juste valeur marchande (JVM) de votre entreprise ou de la cible à acquérir. L’expert passe par différentes étapes pour finalement déposer un rapport indépendant. Il en existe trois types :

  1. Calcul de valeur (niveau d’assurance faible et étendue du travail très limitée)
  2. Estimation de valeur (niveau d’assurance modéré et étendue du travail limitée)
  3. Exhaustif (niveau d’assurance élevé et étendue du travail élevée)

Le type de rapport est déterminé selon les besoins du client. Plus la taille de l’entreprise, son chiffre d’affaires ainsi que ses risques sont élevés, plus le rapport sera étoffé.

L’évaluateur choisit une méthode d’évaluation appropriée : approche fondée sur les bénéfices, sur le marché et/ou sur l’actif. Une exploration des trois peut aussi être une option pour des fins corroboratives afin d’évaluer la vraisemblance de la première méthode utilisée.

Son rôle est de déterminer une fourchette de prix qui se rapproche le plus possible de la juste valeur marchande.

LA CAPITALISATION DES FLUX MONÉTAIRES

La capitalisation des flux monétaires est une méthode souvent utilisée en évaluation d’entreprise pour les PME stables et matures.

L’analyse qualitative

L’évaluateur fait une analyse qualitative de l’entreprise : forces, faiblesses, occasions d’affaires, menaces, ressources humaines, concentration de clientèle ou fournisseurs, employés clés, etc.

L’analyse financière

En parallèle, il effectue une analyse des états financiers des 5 dernières années. Il décèle les variations importantes comme une année difficile due à un dégât d’eau ou au contraire, une année particulièrement florissante due à un contrat exceptionnel et en discute avec le client. La pandémie de COVID-19 en est un bon exemple. Certaines entreprises en ont souffert sévèrement, alors que d’autres en ont bénéficié d’un point de vue financier.

Au besoin, l’évaluateur effectue des normalisations.

La juste valeur marchande de l’apport des actionnaires

Il doit également quantifier la juste valeur marchande de l’apport des actionnaires selon leurs tâches et responsabilités dans l’entreprise. En tant qu’actionnaire, la rémunération que l’on se verse n’est pas toujours représentative de la juste valeur marchande.

La majorité des entrepreneurs portent plusieurs chapeaux. Le cédant doit savoir combien de personnes seront nécessaires pour le remplacer à la suite de son départ afin de ramener la masse salariale à la valeur du marché.

Il s’agit de la normalisation du BAIIA (indicateur qui mesure la capacité d’une entreprise à générer des bénéfices : « bénéfice avant intérêts, impôts et dotations aux amortissements) la plus fréquente dans les évaluations de PME.

La transformation du BAIIA

Par la suite, le BAIIA sera transformé en un flux monétaire caractéristique. L’évaluateur aura déterminé l’impôt à enlever et les besoins en fonds de roulement ainsi qu’en investissement d’immobilisation de maintien (CAPEX).

Les multiples de capitalisation

Finalement, il considère des multiples de capitalisation à ce flux monétaire afin de déterminer une fourchette de valeur de l’entreprise. Les multiples sont des résultantes du travail d’évaluation. On ne peut pas appliquer une recette simple et unique pour chaque entreprise. Surtout pas aux PME, car elles ont des caractéristiques uniques comparativement à une grande entreprise.

À lire : Comment bien vous préparer à la lettre d’intention ?

QUAND LES ÉMOTIONS SE MÊLENT AUX CHIFFRES

Le biais des émotions est une réalité souvent oubliée lors d’un transfert d’entreprise. Le cédant peut avoir une idée irréaliste de la valeur de son entreprise et souvent, la valeur estimée est le besoin, du moins l’idéal, de sa retraite, ce qui mène à une surévaluation.

L’émotivité fait aussi partie de l’expérience du repreneur. S’il a un coup de cœur, prendre un pas de recul peut être ardu.

Le rapport d’évaluation remet les pendules à l’heure

Dans tout transfert, le rapport d’évaluation agit comme une base solide sur laquelle s’appuyer, un terrain commun entre le cédant et le repreneur. Il permet une négociation plus harmonieuse,

puisque chacune des parties prenantes a des chiffres vérifiés et validés pour arriver à une entente juste.

M. Côté précise : « Le but est de se rapprocher le plus possible de la juste valeur marchande. Mais si, par exemple, le cédant doit transférer son entreprise pour des raisons de santé, il peut vouloir réduire ses attentes afin d’avoir accès à des liquidités rapidement. »

À chaque transaction son contexte. Le prix payé versus la juste valeur marchande varie en fonction :

  • Des contraintes de la vraie vie
  • De l’asymétrie de l’information entre les parties
  • De l’expérience et de la force de négociation de chacune des parties
  • De la contrepartie payée qui ne sera pas versée en argent comptant (par exemple un échange d’actions, solde de prix de vente, clause sur bénéfices futurs, etc.).

UNE ÉVALUATION D’ENTREPRISE, PAS SEULEMENT QUAND ON VEUT VENDRE !

L’évaluation, ce n’est pas intéressant uniquement en contexte transactionnel.

En faisant évaluer son entreprise, le dirigeant obtient un portrait global. Il peut ainsi déterminer un plan d’action pour faire augmenter la valeur de son entreprise d’ici sa retraite.

Un tel rapport peut également être utilisé dans le cadre de litige (par exemple un conflit entre actionnaires ou un divorce).

UN CONSEIL POUR NOS ENTREPRENEURS ?

Vendre ou acheter l’un des plus grands projets de sa vie, ça ne se fait pas en claquant des doigts. On n’achète pas une maison en une journée. C’est la même chose avec l’achat d’une entreprise. L’évaluation permet d’avoir toutes les informations essentielles à la prise d’une bonne décision.

La clé, c’est de bien s’entourer !

À visionner : Rapport d’évaluation d’entreprise : combien ça coûte ?

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