Fondée par Denis Keime il y a 20 ans, ce sont maintenant ses enfants, Noémie et Julien Keime, qui reprennent les rênes de l’entreprise AB Foods. Nous nous sommes pour l’occasion entretenus avec Noémie afin d’en apprendre plus sur son parcours.
L’ABC de AB Foods
AB Foods est une entreprise basée en France spécialisée dans l’importation, l’exportation et la distribution de collations sucrées et salées. Elle joue le rôle d’intermédiaire auprès des usines de production en Europe pour les aider à s’implanter sur le marché français à travers des marques privées dans les grandes chaines de supermarché. À la suite de sa décision de reprendre l’entreprise, Noémie a décidé de s’installer au Québec dans le but de reproduire ce modèle d’affaire en Amérique du Nord.
Le parcours de Noémie
La repreneure est diplômée des HEC Montréal en affaires internationales et en entrepreneuriat. Dans sa dernière année d’études, elle a participé au « Circuit sur la voie de la relève » organisé par Familles en affaires, ce qui l’a beaucoup aidé à déterminer si elle désirait reprendre l’entreprise familiale. À la suite de son BAC, elle s’est engagée à travailler dans l’entreprise pendant 1 an pour savoir si cela lui plaisait. « Finalement, on n’en a même pas discuté tellement c’était une évidence que je restais », indique Noémie.
Noémie possède actuellement 20 % de la propriété de l’entreprise. Elle et son père sont actuellement en processus d’élaboration et d’évaluation de différents scénarios de transfert.
Qu’est-ce qui vous faisait hésiter à prendre la relève ?
« Au début, je me disais : si je me lance et que ça ne fonctionne pas, est-ce que je vais perdre mon père ? » Cette peur, commune à beaucoup de relèves d’entreprises familiales, a été vaincue grâce à de nombreuses discussions ouvertes et transparentes avec ce dernier.
Le manque d’expérience était également une crainte pour Noémie. Le sentiment d’imposteur, que beaucoup de jeunes connaissent bien, est certainement exacerbé dans ce genre de cas. « Est-ce que les fournisseurs vont me prendre au sérieux ? Est-ce que je vais apprendre assez rapidement pour pouvoir faire une différence dans l’entreprise ? ». Ce sont toutes des questions qu’elle s’est posées. Avec l’accompagnement de son père, du travail acharné et beaucoup de volonté, Noémie a su relever le défi et a déjà accompli plusieurs choses.
Parlez-moi de ce que vous avez fait jusqu’à maintenant dans l’entreprise ?
« Nous avons changé le logo, qui datait des années 90, redéfini l’image de marque, refait le site Web et commencé à moderniser les systèmes », précise-t-elle.
Noémie s’est surtout concentrée sur les exportations. Elle a d’ailleurs créé la première succursale canadienne de l’entreprise à Montréal, dont elle est actuellement la présidente. « Après mes cours, pendant que mes amis étaient au 4@7, moi je travaillais sur ce projet », ajoute-t-elle.
« J’ai eu des expériences assez uniques pour mon âge et j’en suis vraiment contente. C’est pour ça que j’ai envie d’aider les jeunes à réfléchir et considérer la reprise d’une entreprise familiale. En créer une, c’est super, mais en reprendre une c’est vraiment une chance puisqu’on a déjà un réseau établi et qu’on peut compter sur l’expérience gens en place. Je trouve que c’est le côté super enrichissant du repreneuriat ».
Noémie a également pris le temps d’écrire un livre intitulé « Travailler en famille : Réflexion en 3 étapes pour savoir si l’entreprise est faite pour vous ». Elle y partage son expérience et guide les relèves familiales dans leur processus de réflexion.
Comment arrivez-vous à concilier le travail et la famille ?
Comme beaucoup d’entrepreneurs, la conciliation travail-famille n’est pas facile quand on aime ce que l’on fait. Puisque Noémie a fait le choix de s’établir au Québec et que sa famille habite en France, la distinction se fait un peu plus facilement. Cependant, lorsqu’elle revient à la maison, les choses se compliquent parfois.
« C’est sûr que quand on travaille en famille, et surtout quand on vit ensemble, c’est un peu indissociable ». Elle et son père réussissent toutefois assez bien à garder un bon équilibre en mettant des limites bien définies.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite possiblement reprendre l’entreprise familiale ?
Bien s’entourer et se faire accompagner dans sa réflexion. « Quand on est enfant d’une relève, souvent on n’a pas forcément envie d’en parler tout de suite à nos parents parce qu’on ne veut pas leur donner de faux espoirs. En même temps, on n’a pas forcément des amis dans la même situation que nous pour en parler ». C’est pour cette raison qu’un accompagnement neutre et expérimenté est très important non seulement en période de réflexion, mais également lors de la transition, et ce, autant pour les parents que pour les enfants.
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