Entrepreneur en construction, planifiez votre transfert d’entreprise

Savez-vous qui prendra la relève de votre entreprise lorsque vous serez rendu à la retraite ? Quel est le plan et quand s’enclenchera-t-il ? Richard Gauthier, anciennement co-propriétaire de Construction Gauthier Entrepreneur Général, nous partage quelques conseils et pistes de départ pour vous guider dans votre réflexion et votre planification.
Richard Gauthier, cédant de Construction Gauthier Entrepreneur Général

Parlez-moi de votre entreprise et des transferts qu’elle a vécus.

Construction Gauthier a été fondée par mon père, au début des années 1960 au Saguenay. Je suis arrivé dans l’entreprise à la fin des années 1970 après avoir terminé mes études en génie civil et j’ai repris l’entreprise avec mes deux frères environ 15 ans plus tard.

Au fil des années, l’entreprise s’est spécialisée dans la construction commerciale, industrielle et institutionnelle, partout au Québec.

C’est en 2018 que la transition vers la 3e génération s’est conclue. Les propriétaires sont mon fils, mon neveu, un membre de la direction ainsi qu’une personne du domaine bancaire. Il s’agit donc d’une reprise assez mixte !

On parle souvent du fait que le plan de transfert devrait faire partie du cycle de vie normal d’une entreprise. Est-ce un concept relativement nouveau selon vous ? Est-ce que les prédécesseurs de votre entreprise étaient sensibilisés à cela ?

Mon père et sa génération n’étaient aucunement sensibilisés à cela. C’est aussi le cas pour la mienne. Le transfert d’une entreprise n’était pas considéré comme une étape planifiée dans le cycle de vie normal d’une entreprise, mais d’un passage obligé pour prendre sa retraite. On croyait que le temps allait faire les choses, mais au bout du compte, le transfert se réalisait de façon très bousculée.

Cependant, pour les entrepreneurs qui ont moins de 50 ans aujourd’hui, il s’agit bien d’un concept important.

À mon avis, réfléchir à son transfert est une obligation. Ne pas le planifier met en péril l’image de l’entreprise et sa valeur, entre autres.

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Personnellement, qu’est-ce qui vous a sensibilisé à l’importance de préparer votre plan de transfert ?

Pour ma part, puisque je suis impliqué dans plusieurs organisations, la réflexion m’est venue naturellement. De plus, un petit problème de santé m’a amené à devoir passer les rênes pendant un mois. Cet événement m’a fait réaliser que ceux qui m’ont remplacé, et particulièrement mon fils Pier-Alexandre, étaient prêt à prendre de nouveaux défis au sein de l’entreprise.

Force est d’admettre que la pensée est vite devenue une action quand nous avons été mis devant ce fait accompli : nous ne sommes pas irremplaçables et il est impératif d’organiser l’après.

On dit qu’un transfert d’entreprise se réalise sur 2 à 7 ans, selon la complexité de l’entreprise, sa taille, et le type de transfert. Y a-t-il d’autres facteurs propres au secteur de la construction qui pèsent dans la balance ?

Oui, c’est une industrie qui a son lot de complication. Ce sont des entreprises qui doivent reconstruire leur carnet de commandes à chaque année. De plus, elles sont extrêmement difficiles à financer car beaucoup repose sur la relation de confiance de l’entrepreneur et de ses actifs.

En plus, il s’agit d’un domaine qui n’a pas une excellente presse en raison des commissions vécues et qui n’a pas une bonne réception des banquiers à l’origine.

Il faut se battre à chaque année pour se vendre à nos assureurs, nos clients, nos financiers, etc.

Mais, ça demeure une entreprise. Et la valeur de celle-ci se mesure par ses entrepreneurs, ses employés, sa structure et surtout, ses clients.

Quelles sont les conséquences d’un plan de transfert inexistant, mal préparé ou préparé trop tard sur un entrepreneur et son entreprise ?

C’est la fatalité. On ne peut plus se permettre aujourd’hui de ne pas être préparé pour l’après. Une entreprise mal préparée ne survivra pas l’exercice car ça demande d’échanger de l’information précise sur tous les volets touchant l’entreprise.

Le repreneur aura à vivre avec ce qui aura été négocié avec le cédant pour le reste de sa vie d’entrepreneur, donc il faut que ce soit bien fait.

On le dit et on le répète : une année de préparation va sauver 10 années de vie à une entreprise. Il faut le prendre comme un investissement. C’est un exercice qui nous permet de faire le constat de nos bons et mauvais coups et que la relève ne retienne que les bons.

Quand est-ce que le plan de transfert d’entreprise doit être préparé ?

À mon avis, le meilleur moment pour planifier la vente de votre entreprise en construction est : lorsque vous êtes très bien assis dans votre siège d’entrepreneur et que vous maîtrisez l’organisation. C’est à ce moment-là que vous devriez commencer à déléguer.

Si j’avais à donner un chiffre, je dirais que c’est à mi-chemin de votre carrière estimée. Donc si votre carrière d’entrepreneur durera 30 ans, commencez à planifier 15 ans après le début de celle-ci.

Y a-t-il des enjeux typiques aux entrepreneurs en construction qui pourraient les retarder à bien planifier leur transfert ?

La grande majorité sont des autodidactes. Souvent, ils ont commencé comme ouvrier et ils ont constaté avec le temps qu’ils avaient des qualités de leader. Ils ont ensuite appris à gérer une entreprise « sur le tas ». C’est pourquoi ils ne sont pas nécessairement sensibilisés à l’importance de planifier le transfert d’entreprise.

En contrepartie, la nouvelle génération d’entrepreneurs est mieux formée et possède normalement une formation collégiale ou même universitaire.

Si vous aviez tous les entrepreneurs en construction du Québec devant vous présentement, quel message aimeriez-vous leur partager ?

Ne vous imaginez pas qu’un transfert d’entreprise ne se prépare pas.

Se trouver une passion pour la retraite fait partie de cette préparation. J’ai constaté que les entrepreneurs avec des passions autres que celle pour l’entreprise ont une belle retraite.

Il est très rare de découvrir des nouvelles passions rendu à la retraite, donc vaut mieux explorer avant pour être prêt. Personnellement, j’en ai plusieurs, dont le vélo. J’en fais même l’hiver !

Sortez un peu de l’entreprise. Passez une partie des pouvoirs aux gens qui vous entourent. Explorez différentes activités : la pêche, le sport, le voyage, la lecture… Le monde est à votre portée !

Où en êtes-vous dans votre plan de transfert ? Contactez-nous pour nous en parler, même si tout est à faire !

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