
Acheter une entreprise peut sembler inaccessible pour ceux qui n’ont pas d’importants moyens financiers. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, devenir propriétaire d’entreprise peut être envisageable pour un repreneur motivé, même sans mise de fonds. Par–contre, il faut respecter plusieurs conditions pour profiter de cette rare exception.
Généralement, la mise de fonds minimale demandée pour une acquisition d’entreprise se situe entre 15 % et 20 %. Pour en savoir plus sur le sujet, le CTEQ s’est entretenu avec Jean-François Turgeon, directeur principal, petites entreprises à la BDC.
Est-ce vraiment possible ?
« La réponse courte est oui. Toutefois, certaines conditions doivent être en place pour que cette éventualité se réalise. Premièrement, il est important de noter que tous les cas sont uniques. Pour évaluer la faisabilité de ce scénario, il faut impérativement regarder les états financiers de l’entreprise à acquérir », indique M. Turgeon.
Il faut aussi savoir que la décision d’accorder le prêt est basée principalement sur les états financiers de l’entreprise. La situation financière personnelle de l’acheteur est également prise en compte, mais dans une moindre mesure.
Les 4 principaux facteurs de considération
Pour envisager de financer une entreprise sans mise de fonds, il faut que les conditions suivantes soient remplies.
- Une solide santé financière de l’entreprise à acquérir
- Un acheteur ayant un profil idéal pour la reprise
- Une transition bien planifiée avec la présence du vendeur
- Une balance de prix de vente
Il est intéressant de constater que la moitié des critères sont non financiers et intangibles.
Une solide santé financière de l’entreprise à acquérir
Le premier critère à examiner est la santé financière de l’entreprise. Elle doit avoir un bon niveau de profitabilité, une capacité d’emprunt ainsi qu’un potentiel de croissance. Il est important que l’entreprise puisse soutenir cet emprunt puisque la décision de crédit est basée principalement sur la solidité financière de celle-ci. Toutefois, le repreneur doit se porter cautionnaire personnel du prêt.
Un acheteur ayant un profil idéal pour la reprise
Afin de maximiser les chances de succès du transfert d’entreprise, les banques voient favorablement les acheteurs ayant un profil idéal pour l’achat d’une entreprise en particulier. Par exemple, un employé qui travaille depuis 15 ans dans l’entreprise qu’il souhaite acquérir est un « match » parfait.
Un autre bon exemple est un repreneur qui a déjà une expertise établie dans le domaine de l’entreprise à reprendre. Peut-être parce qu’il travaille dans une entreprise concurrente ou complémentaire. On peut penser à un mécanicien qui acquiert un garage ou un comptable qui achète un cabinet comptable.
Pour un acheteur à l’interne avec un profil idéal, on pourra considérer un plus haut pourcentage de financement.
Une transition bien planifiée avec la présence du vendeur
Un autre critère qu’exigent les banques afin de financer un achat d’entreprise sans mise de fonds est une clause de transition avec le vendeur dans le contrat d’achat-vente. Cette clause doit indiquer un plan de transfert de connaissances et de direction. Cela permet de s’assurer de la présence du cédant pour effectuer une transition qui maximise les chances de succès du transfert d’entreprise.
Cela signifie que le vendeur doit être motivé davantage par la pérennité de son entreprise que par l’appât du gain. Un cédant qui est pressé de vendre pour quelque raison que ce soit n’est pas l’idéal dans ce genre de scénario.
Souvent, l’ancien propriétaire occupe temporairement un rôle de consultant afin de soutenir le repreneur. Cette période peut durer un an ou deux, voire plus selon les situations. La présence du cédant lors de la transition permet également de favoriser la rétention de la clientèle, des fournisseurs, des relations d’affaires et des employés.
Une balance de prix de vente
Une façon d’inciter le vendeur à rester présent dans l’entreprise est d’avoir une balance de prix de vente. Il s’agit d’une portion du montage financier total que le repreneur doit rembourser au cédant avec intérêts quelques années après la vente de l’entreprise.
Par exemple, un vendeur qui a une balance de prix de vente de 500 000 $ remboursable dans 5 ans sera bien évidemment motivé à assister l’acheteur dans la transition, car pour avoir son remboursement, il faut que l’entreprise performe bien.
La balance de prix de vente est utile dans bien des transactions, mais surtout lorsque l’acheteur n’a que peu ou pas de mise de fonds. En effet, une plus grande balance de prix de vente peut substituer une mise de fonds.
Le cas de l’acquisition progressive
Une des hypothèses d’acquisition d’entreprise avec peu de mise de fonds que l’on voit couramment est l’acquisition progressive. On voit souvent ce cas de figure dans le cadre d’un transfert à la famille ou aux employés, mais c’est également possible avec un repreneur externe qui a un « fit » particulier avec un cédant, ce qui fait que ce dernier est prêt à la prendre sous son aile pendant quelques années.
À noter que les structures de financement peuvent être un peu plus complexes pour les acquisitions progressives. Pour parler de votre cas particulier, référez-vous à votre banquier.
Une question de risque
Acheter une entreprise sans mise de fonds peut sembler être l’option idéale. Il faut toutefois savoir que, comme une maison ou une automobile, le montant payé au départ permet de réduire les paiements subséquents, ce qui diminue le risque encouru.
L’importance d’être bien entouré
Être bien entouré de professionnels est crucial pour mener à terme un projet d’achat ou de vente d’entreprise. C’est encore plus le cas lorsqu’on parle d’un projet sans mise de fonds.
En impliquant dès le début les conseillers du CTEQ et les banquiers, vous aurez rapidement l’heure juste et ne perdrez pas de temps. Ceux-ci ont également un vaste réseau d’experts de confiance à vous référer pour la suite de votre projet. Enfin, il est important de « magasiner » son financement puisque différentes institutions auront différents termes et conditions.
En conclusion, ne présumez pas que sans mise de fonds, il est impossible de réaliser votre rêve repreneurial. Avec le bon repreneur, la bonne entreprise ainsi que beaucoup de flexibilité de la part des deux parties, il est possible de faire une exception.
Cet article a été réalisé avec la collaboration de BDC, qui offre des trucs et conseils pour faciliter l’achat d’une entreprise.
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