Pour démystifier le sujet, le CTEQ s’est entretenu avec Yannick Gaudreault, CPA, CMA, CVA, EEE et propriétaire de Gaudreault évaluation d’entreprises Inc.
En quoi consiste une évaluation d’entreprise ?
« L’objectif est d’identifier la juste valeur marchande d’une entreprise. Il s’agit ici d’un exercice très technique. Tout d’abord, cela débute avec l’analyse des états financiers qui nous indique la profitabilité, la capacité en liquidité, la structure d’endettement et sa saine gestion ou non. Ensuite, il est important d’identifier le bénéfice net ajusté, qui est calculé en faisant des ajustements au bénéfice comptable.
Puis, nous devons identifier par quel multiple on multiplie ce bénéfice. Ce multiple est composé des différentes couches de risques auxquels l’entreprise est confrontée. Ces risques, occasions, forces et faiblesses ont préalablement été mesurés lors des analyses financières et de l’entrevue avec le propriétaire.
Finalement, la dernière étape est de multiplier le bénéfice représentatif, par le multiple précédemment déterminé, ce qui nous amène à la juste valeur marchande de l’entreprise. »
Quel est l’intérêt de faire une évaluation d’entreprise ?
« Il existe différents contextes dans lesquels une évaluation de la juste valeur marchande d’une entreprise peut être nécessaire. Tout d’abord, lorsqu’un propriétaire veut vendre son entreprise, il peut être important de faire évaluer son entreprise pour éviter de la vendre à rabais ou de l’afficher à un prix trop cher et d’être ainsi incapable de la vendre. Pour un acheteur d’entreprise, c’est aussi très utile de faire évaluer une entreprise pour vérifier que le prix payé est juste.
D’autres situations nécessitent également une évaluation d’entreprise. On peut penser aux litiges entre actionnaires, aux réorganisations d’entreprise, aux demandes de financement ou encore simplement pour savoir, en tant que propriétaire, combien vaut son entreprise pour des raisons stratégiques ou autres. »
Qui peut faire une évaluation d’entreprise ?
Ce sont les experts en évaluation d’entreprises (EEE) qui connaissent les méthodes applicables et les standards professionnels dictés par l’Institut des experts en évaluation d’entreprises, qui est la seule association au Canada dans ce domaine. D’autres professionnels, tels que certains comptables, peuvent aussi être habiletés à évaluer des entreprises.
Combien est-ce que ça coûte une évaluation d’entreprise ?
Tout dépend du niveau de complexité de l’entreprise et des besoins du client. Il existe trois rapports pouvant être effectués par un expert en évaluation d’entreprises.
1) Un calcul de la valeur
2) Une estimation de la valeur
3) Un rapport exhaustif
Le premier est bien évidemment le plus court et le plus économique, tandis que le dernier est le plus long, le plus complet et donc le plus dispendieux. Généralement, le calcul de la valeur est suffisant pour les besoins des PME. L’expert vous conseillera, mais c’est ultimement vous qui déciderez du rapport dont vous avez besoin, donc du prix que vous êtes prêt à payer.
Quelle est la différence entre une évaluation d’entreprise et une vérification diligente ?
L’objectif de l’évaluation d’entreprise est de déterminer la juste valeur marchande d’une entreprise. La vérification diligente, quant à elle, est surtout utilisée lors du processus d’acquisition d’entreprise. Lorsqu’elle précède une évaluation d’entreprise, la vérification diligente peut renforcer l’évaluation par l’analyse des risques qu’elle a observés. La vérification diligente n’est pas un prérequis à l’évaluation d’entreprise, mais un avantage.
Qui doit payer pour l’évaluation d’entreprise ?
Dans un contexte d’un transfert d’entreprise, autant le vendeur que l’acheteur peuvent payer pour ce service. Nous voyons également, dans certains cas, un partage des coûts entre les deux parties.
Quels sont les facteurs qui influencent la valeur de l’entreprise ?
Plus une entreprise génère de profits, plus sa valeur est élevée. C’est la base. Pour les multiples de ces profits, cela dépend des différentes couches de risques. Plus on réduit les risques, plus l’entreprise vaut cher.
Les différents éléments suivants peuvent influer sur la valeur d’une entreprise.
Diversification de la clientèle
Avoir un client qui représente une grande partie du volume des ventes d’une entreprise est risqué. Il est préférable d’avoir un plus grand nombre de clients qui composent le chiffre d’affaires.
Récurrence du chiffre d’affaires
Avoir des revenus récurrents réduit le risque de volatilité. En tant que repreneur, cela peut également être rassurant de pouvoir estimer avec suffisamment de précision le chiffre d’affaires à venir.
Ententes contractuelles
Avoir des ententes contractuelles vient également assurer le chiffre d’affaires, ce qui sécurise les entrées de fonds futures. Plus vous avez d’ententes à long terme avec vos clients, plus l’incertitude de votre futur volume d’affaires diminue.
Partage des connaissances
Lorsque les membres de votre personnel viennent à vous pour un conseil ou une approbation, vous devez les aider à devenir autonomes afin qu’ils puissent eux-mêmes gérer toutes sortes de situations. Une équipe autonome est rassurante pour un acheteur qui investit beaucoup dans une nouvelle entreprise dont il ne connait pas tous les rouages.
Amélioration de l’image de marque
Lorsqu’un repreneur s’intéresse à votre entreprise, la première chose qu’il fera probablement est de regarder votre site Web. Il est recommandé de modifier un site Web au minimum tous les 3 ans. Si ce dernier est vieux, l’acheteur s’en rendra compte. Il en va de même pour votre matériel promotionnel.
Est-ce qu’un multiple du BAIIA est une bonne base pour l’évaluation ?
Beaucoup de personnes pensent qu’évaluer une entreprise est aussi simple que de faire 4 ou 5 fois le BAIIA. « C’est un mythe qui doit être démystifié, parce que c’est faux. »
Premièrement, le BAIIA n’est pas nécessairement la meilleure base. De plus, le multiple de 4 ou de 5 n’est pas nécessairement juste. Ce chiffre est une moyenne de moyenne de tous les types d’industries et de toutes les entreprises, donc excessivement simplifié. Chaque entreprise a son niveau de risque unique. C’est assez risqué d’y aller avec un multiple général, car la vraie valeur peut être largement au-dessus ou en dessous du résultat ainsi trouvé.
« Dans certains cas cependant, le BAIIA peut être une bonne base. Dans certains secteurs d’activité, c’est très parlant. C’est aussi un langage que les institutions financières utilisent fréquemment. Le BAIIA est quand même un bon indicateur, mais ce n’est pas le meilleur. Ultimement, le meilleur indicateur est le flux monétaire. »
De plus, le BAIIA ne tient pas compte des réinvestissements dans les immobilisations corporelles, du coût du financement et de l’impôt à payer, qui sont des éléments ne se retrouvant pas dans les poches du propriétaire.
L’impact de la pandémie
La pandémie a fait en sorte qu’on doit se baser moins sur les deux dernières années pour se projeter dans le futur. On s’appuie maintenant plus sur des projections financières actualisées. C’est une méthode qui a toujours été utilisée en évaluation d’entreprise, mais qui prend de plus en plus de place depuis 2020. Il est important de savoir quel impact la pandémie a eu sur l’entreprise afin de bien en évaluer la valeur.
Vous comprendrez donc que l’évaluation d’entreprise n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. C’est pourquoi nous recommandons de consulter un professionnel pour tous vos besoins en évaluation d’entreprise. Le conseiller de votre région se fera un plaisir de vous faire des recommandations. Appelez-le !